Je suis qui je suis!
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Je suis qui je suis!
Issue en ligne directe d’une longue généalogie bien formée de courbes, de droites et de diagonales diverses, je suis créatrice de « volontés de bâtir ». Voilà qui je suis.
Depuis la nuit des temps, tous les vivants ont cherché un nid, un gîte, une caverne, un refuge pour s’y protéger de tous les dangers environnants, pour y abriter leurs rêves fous de roues, de chaud feu éclairant, leur famille, leur clan.
J’ai toujours été là, en première ligne pour ainsi dire, le premier trait, imaginaire ou réel, d’un toit, mot que les humains emploient pour désigner l’idée primaire et globale de « l’abri » quel qu’il soit.
Surplombant mes yeux profonds et lumineux, voyez, je fronce mes nombreux sourcils. Non! Pas de soucis mais bien d’étonnements des nombreuses solutions géniales – sans prétention de ma part – que je souffle depuis des millénaires aux descendants de l’homo habilis pour qu’ils se mettent à l’abri.
Je n’ai pas de « toiture » apparente. Je n’ai pas à me protéger car je suis l’idée avec un i majuscule, cet index qui indique, qui dirige le regard, les travaux, qui prévient les vices de construction en pointant les erreurs sur les plans.
Comme on le constate, j’ai la langue bien pendue entre mes dents qui ont du mordant comme celles de mon fidèle compagnon à canines.
À vue de nez, – c’est évident, que celui-ci me fait défaut au milieu de la figure. Une faille? Un abîme? Non! Au contraire.
J’ai, bien placé entre ces deux yeux qui m’assurent une vision en trois dimensions, un troisième œil. Y en aurait-il une quatrième de dimension? Une profondeur particulière, une sphéricité, une « cubicité » inconnues?
Grand bien me fasse! Après tout, je conçois, dessine, planifie, élabore, construis, réalise, divinement… je crée! Un troisième œil est toujours utile! Surtout s’il est bien clair, bien centré, et de niveau… la bulle!
Même si je semble tirer la langue, ce n‘est jamais par mépris ni moquerie, j’ai un large sourire fendu jusqu’aux oreilles – celles-ci ressemblent à des portes-patio, c’est un héritage de mes ancêtres portillons, comme d’autres sont beaucerons, bretons ou vignerons!
Je n’ai pas de corps à proprement parler mais des antennes-tentacules rayonnantes en forme de garde-fou, de rambarde de verre, d’acier ou de fer forgé à l’ancienne. J’ai toujours une petite idée derrière la tête, parfois de grandes aussi. Il en fuse de toutes sortes, en forme de trottoirs de pierre et de bois, de bacs à fleurs, de pans de mur de briques, de stuc ou de crépis. C’est toujours brillant et lumineux – cela dit sans fausse modestie.
Vous voulez faire appel à moi? Retenez bien mon nom : Archie Tecture, fille de ma mère et de toute la lignée de mes aïeule, bisaïeule, trisaïeule, quadrisaïeule, même quinquisaïeule et plus, beaucoup plus, qui toutes ont porté, portent le même nom impossible à oublier : Madame I-magie Nassion.
Vous me cherchez en Suède, je m’appelle Arki Tektur; en Pologne, Archi Tektura; en Hollande, Archi Tectuur – oui, avec deux u; en Ukraine, ce sera compliqué, comme mon nom Aрхі Tектура, mais tellement nécessaire, hélas!
A su disposición disent les hispanophones. À votre service… dans toutes les langues, dans toutes les cultures. Je m’adapte facilement, je suis résiliente, depuis le temps que j’aide les humains à s’abriter pour vivre mieux!
FRF, 19 novembre 2022
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