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Portrait-robot imaginé de l’ancêtre premier
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Une vieille photo de famille, celle des parents et des sœurs et frères de ma mère — Mariette, la petite dernière assise, le bras appuyé sur la jambe de sa sœur aînée, Maria, la religieuse, née en 1893, la première des 13 enfants d’Odile et de Louis qui ont eu d’abord la grande Marie, Maria et ont terminé la lignée avec la petite Marie, Mariette. On était très de son temps en cette fin des années 10 ou début des années 20 : famille nombreuse, observant strictement les préceptes de la religion catholique romaine. Cette photo date d’un siècle; ma mère devait avoir autour de 6 ans, elle est née en 1914.
Cette photo, je la cherchais pour en extraire les coins triangulaires qui la retiennent, la limitent, la conservent aussi. Cette image est précieuse, elle me ramène à mes tantes, à mes oncles, à mes grands-parents tous disparus. Étant le dernier né des petit-fils de mes grands-parents, grâce à cette « position » généalogique, j’ai le privilège d’avoir connu, d’avoir aimé et d’avoir été aimé par des gens qui ont vécu sur trois siècles — le grand-père Louis étant né le 1er janvier 1870 et la grand-mère Odile le 4 juillet 1871. Odile avait donc 43 ans quand sa dernière est née.
Imaginons toutes les générations qui ont précédé, établies ici, venues d’ailleurs; entre 10 et 13 depuis l’établissement à Québec en 1616 de Marie Rollet et de Louis Hébert.
Peut-être venons-nous d’encore plus loin dans le temps et sur ce continent. Qui sait?
Peut-être un « truchement », un de ces personnages venus d’Europe après 1534 qui sont restés sur place, lors des explorations de Jacques Cartier et des autres voyageurs saisonniers qui venaient à chaque belle saison faire commerce avec les premiers occupants du territoire fait-il partie génétiquement et anonymement de cette généalogie. Ces aventuriers, truchement ou interprètes, étaient les intermédiaires entre les chasseurs locaux et les acheteurs européens. Ils ne se sont pas contentés d’apprendre les langues des gens d’ici, de prendre leurs coutumes et leurs façons de vivre sur ce  vaste territoire nordique. Ils ont certainement partagé leur ADN durant ces trois quarts de siècle avant la fondation de Québec — le temps d’au moins trois générations!
Quand je regarde cette vieille photo, je rêve de pouvoir remonter encore plus loin, beaucoup plus loin dans le temps et dans l’espace de ce continent, le seul à toucher le Pôle Nord et le Pôle Sud.
Sait-on jamais!
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Les quatre coins de cette vieille photo — comme ceux d’une planisphère — me sont venus à l’esprit grâce à une « récolte » faite à l’occasion d’une promenade sur les bords du Saint-Laurent. J’ai trouvé une galette pierreuse, grise tachetée de blanc.
De plus près, j’ai remarqué des traces de coquillages et d’autres formes en spirale, en anneaux, épis végétaux ou nageoires cartilagineuses qui m’ont intrigué.
J’ai fait plusieurs photos sous différents angles et éclairages. Puis, le coin supérieur droit d’une d’entre elles a attiré mon attention — une masse blanchâtre, bordée de points noirs, le début d’une courbe, une joue? une ride verticale? une bouche, lèvres serrées, un demi menton?
Et voilà l’imagination qui s’emballe.

... une masse blanchâtre, bordée de points noirs, le début d’une courbe, une joue? une ride verticale? une bouche, lèvres serrées, un demi menton?
... une masse blanchâtre, bordée de points noirs, le début d’une courbe, une joue? une ride verticale? une bouche, lèvres serrées, un demi menton?
Dans ce coin,  j’ai vu le bout d’un visage que j’ai reconstitué par des inversions verticales et horizontales de la même image.


Assemblés, les quatre quarts ont composé ce portrait-robot imaginaire. On peut y voir une multitude de visages selon que notre regard déplace la position des yeux, du nez, des lèvres.

... les quatre quarts ont composé ce portrait-robot imaginaire
... les quatre quarts ont composé ce portrait-robot imaginaire
Peut-être sommes-nous en présence de l’ancêtre premier avec sa coiffe maya, aztèque, mixtèque ou zapotèque. N’oublions pas que cet Américain au sens continental est aussi Aléoute, Inuit de la région arctique, Attikamek,  Innu, Ojibwé ou de centaines d’autres peuples* du Nord, du Centre et du Sud de l’Amérique, du Mexique, de l’extrême pointe sud du continent :  Charrúa, Mapuche,  Puelche, Tehuelches, Kawésqar, Selknam ou Onas et Yámana pour ne nommer que ces quelques-uns parmi tant d’autres — et dire que Christophe Colomb a découvert l’Amérique!
Des Européens qui sont venus ici, sur ce continent, vivre dans cet espace nordique et d’autres aussi arrivant de partout à travers le monde auront eu ou auront, espérons-le, la chance, le bonheur, le privilège de partager cet ADN ancestral.


J’ai recherché les quatre coins de la vieille photo de famille pour encadrer ce pseudo-masque reconstitué, lui donner en même temps un air de famille et toute son importance, son pouvoir d’évocation d’un instant hors du temps et d’un lieu universel.

... un air de famille
... un air de famille
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La forme complète dont le quart m’a mis sur la piste d’un possible visage humain fait à peine 2 centimètres, un peu plus grand qu’un 10 cents mais suffisamment clair pour ouvrir sur un univers entier à imaginer nos origines dans un petit bout de plante ou de peau de poisson fossilisé.

[Un] possible visage humain [qui] fait à peine 2 centimètres
[Un] possible visage humain [qui] fait à peine 2 centimètres
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Une mise en valeur de ce rêve s’impose. Faisons de ce masque un médaillon à porter au milieu de notre poitrine, à se planter en plein cœur non pas comme une balle mais comme une racine à la mémoire de tous nos ancêtres qui nous ont permis d’arriver jusqu’ici, où nous vivons, maintenant, à cette époque-ci. Souvenons-nous d’eux en ce 24 juin pour continuer consciemment ce grand voyage de l’humanité.

Un médaillon à porter au milieu de notre poitrine
Un médaillon à porter au milieu de notre poitrine
FRF 23 juin 2021
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