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Tadoussac: eau et sang mêlés
À la rencontre de l’eau douce,
qui vient du fjord,
du nord
et de l’eau salée qui retourne à la mer
après être remontée
par la marée
sur le dos de la « grande rivière »
se trouve Tadoussac,
sa baie tranquille,
parallèle au frémissant
Saguenay qui s’approfondit
dans les Laurentides.
Tadoussac a un double humain;
il s’appelle Truchement*,
Il vient, est venu d’un rivage lointain,
aventurier,
il a appris les langues des habitants du lieu.
Il est le pont, le lien,
la rencontre possible
entre le chasseur d’ici
et l’acheteur de là-bas,
Le trait d’union, le « mélangeur »
d’univers lointains.
À la pointe de la baie,
Tadoussac a maquillage
mi-bleu, mi vert,
sourire étrange
des parlants doubles,
regard accueillant
des eaux troubles.
Déjà, le voyageur sur le traversier
enjambant « l’eau qui sort »**
passe une frontière
entre Baie-Sainte-Catherine en Charlevoix
et Tadoussac en Côte-Nord.
Les yeux grands ouverts
sur le fjord tumultueux,
il imagine la paisible baie,
havre de navires
à l’ancre
et port mémoriel
de traites de fourrures
entre pagayeurs continentaux
navigateurs aux hautes voiles.
Cet aventurier d’aujourd’hui
poursuit la quête humaine, séculaire
et éternelle
sur les escarpements, les berges sablonneuses,
ou les rocs dressés ou couchés
des rives du grand fleuve.
qu’on appelle et qui devient
mer à perte de vue,
fabrique d’images inventées,
de rêves toujours nouveaux.
* Le sens vieilli du mot « truchement » est « interprète ».
**« l’eau qui sort » se dit Saguenay, en langue sakinipi
FRF- le 24 juillet 2023
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