Blow up au carré... ou...?
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Blow up au carré... ou... ?
Une fouille exaspérée et infructueuse de ma mémoire, une recherche raisonnée par mots-clés dans mes archives photographiques, et voilà que surgit le titre, que j’avais oublié, de cette installation-sculpture de verre et de métal réfléchissant de Nicolas Baier : Autoportrait, sur l’esplanade de la Place Ville-Marie.
Une « salle de réunion » dans un écrin de verre, déposé là, au vu et au su de nous tous, passants et voyeurs.
Nous traversons les murs. Constatons que l’on vient de quitter la salle. Il ne reste que les reliquats de cette rencontre : ordinateur portable ouvert, projecteur et écran de projection en place, dossiers épars sur la table, verre, pichet ou thermos de café, corbeille avec quelques papiers froissés, tasses vides laissées là, etc.
Cette œuvre autour de laquelle je tourne depuis 2012, intégrée à l’environnement « bureau » de la Place Ville-Marie pour les 50 ans de l’édification de ce symbole montréalais, par son titre, est une mise en abyme de la vocation même de la Place.
Mais voilà qu’en cette terne matinée grise de fin avril, depuis l’extrémité sud de l’installation-sculpture, je compose une image (pas un photomontage, une seule et unique photo) :
— carré nord, nouvellement recouvert d’un film translucide qui crée un flou très bienvenu derrière l’écran de projection très lustré;
— trapèze à droite qui réfléchit l'intérieur de la « salle de réunion » tout en captant le nouvel anneau de l’esplanade;
— et toutes ces diagonales, angles droits, points de fuite et courbes de toutes sortes.
Un vrai terrain de jeux pour le vieil enfant que je suis!
Une joie renouvelée chaque fois que l'« Instant » me fait un clin d’œil irrésistible pour que je me laisse aller à enfoncer le bouton-déclencheur... et clic!
À première vue, la photo originale paraît assez terne. C'est presque un cliché en noir et blanc. Un peu de travail en chambre "blanche", beaucoup comme on le faisait avec l'argentique, en chambre noire, et voilà que la photo a un autre éclat, un peu plus de chaleur.
Voir plus haut le travail terminé.
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Regard approfondi
L’examen minutieux de la photo me permet de me rendre compte que je me suis pris en photo : reflet sur la surface de verre devant laquelle je prends la photo — on me voit les mains tenant l’appareil photo, l'index sur le déclencheur.
Un autoportrait involontaire et inconscient tout absorbé que j'étais par la construction de l'image.
Je constate de plus qu’un autre photographe (derrière moi) se reflète sur l’écran de projection.
Serions-nous une chute de pellicule du film Blow up, une scène du film non retenue?
J’agrandis (blow up) un peu plus la photo. Voilà que ma tête se voit au centre de l’objectif de mon appareil photo.
Autre autoportrait involontaire et inconscient dû uniquement à un reflet à la surface de mon objectif.
Quel titre donner à cette photo?
Blow up au carré ou Troisième degré de l’auto-portraiture non narcissique!
FRF, le 8 mai 2023
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