Invitation au voyage
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11 fantômes de vieilles croix de fer
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11 âmes,
11 esprits,
11 souvenirs planent au-dessus de Tadoussac, hiver comme été
11 fantômes de vieilles croix de fer.
Dès le début des années 1500, des pêcheurs européens ont fréquenté les bancs de Terre-Neuve.
D’ailleurs, les 7 Micmacs qui ont été baptisés à Rouen en 1512 avaient été « capturés » dans le Golfe en 1509 par le navigateur Thomas Aubert.
Des Micmacs ont « immigré » en France avant que des Français émigrent vers le pays de Micmacs ? Plus tard - 1536 Jacques Cartier est rentré avec 10 Iroquoiens -, d’autres autochtones ont été emmenés en France. Ils s’y sont établis, s’y sont mariés. Conséquence : des sang-mêlés, aussi de ce côté-là de l’Atlantique!
Les échanges de toutes sortes ont continué à avoir lieu d’un continent à l’autre, dans les deux sens et certains, en aller simple, d’un côté comme de l’autre, malgré les échecs de Cartier en 1535, de La Roque de Roberval en 1542 et de Troilus de La Roche de Mesgouez à l’île de Sable en Nouvelle-Écosse en 1598.
Si l’idée d’établir au nord une colonie disparaît ou renaît selon la bonne volonté des rois de France,
les pêcheurs continuent à pêcher,
les navigateurs à naviguer
et les aventuriers à s’aventurer.
Il faudra attendre la construction d’un poste de traite à Tadoussac par Chauvin en 1600 pour entrevoir de nouveau la possibilité d’établir une permanence – pour échanger.
Une construction en dur en est la condition première.
À l’automne 1600, Chauvin rentre en France en laissant 16 hommes sur les lieux.
11 ne survivront pas.
On peut imaginer les difficultés qu’ont connues durant l’hiver 1600-1601 les 16 hommes laissés à Tadoussac dont cinq seulement ont survécu grâce à l’hospitalité et au soutien des Innus. ‘ Le froid est si grand, 'écrit Champlain dans ses Voyages, 'que, s’il y a une once de froid à 40 lieues à mont la rivière, il y en a là une livre ’[1].
Nous.
Savons-nous si nous sommes la 13e génération descendant de la première établie ici — quelle première? —
ou la 20e?
Aucune importance
puisque la première d’ici descendait d’autres qui étaient arrivées là-bas,
elles aussi d’ailleurs,
à un moment donné,
plus tôt.
Plutôt…
Suivons les pêcheurs qui pêchent,
les navigateurs qui naviguent et,
rêveurs,
aventurons-nous,
entrouvrons,
entrevoyons les possibles de l’imagination.
Entendons les voix
tendons les bras.
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[1] William F. E. Morley, « CHAUVIN DE TONNETUIT, PIERRE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 juill. 2020, http://www.biographi.ca/fr/bio/chauvin_de_tonnetuit_pierre_de_1F.html
FRF 26 juillet 2020
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