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Créatrice, l’inspiration, créateur, le mouvement qui nous élèvent, nous allègent, nous projettent et nous libèrent malgré le tourbillon ambiant qui pourrait nous entrainer par sa force paralysante et mortifère.
Non, non et non!
Devant la création forcée à se masquer, à se couvrir le nez et la bouche, nous crions, parlons, chantons. Surtout nous voyons, ouvrons tout grand les yeux. Rappelons-nous les paroles de Claude Bettinger : « L’artiste est celui qui fait voir de l’autre côté des choses ». Il a gravé ces paroles, ce cri dans son œuvre inscrite au patrimoine culturel de Montréal, ce tube en verre qui transperce le plafond du hall de la Place des Arts et nous fait découvrir la façade de la grande salle Wilfrid-Pelletier (nom du premier directeur artistique de l'Orchestre symphonique de Montréal, en 1934) .
La sculpture-verrière de Bettinger et la façade de la salle Wilfrid-Pelletier sont les éléments de ce montage qui pourrait s’intituler Résistons en agissant, en créant.
Le fond vert est une photo de cette lunette de Bettinger prise le soir, en hiver. J’ai superposé au centre de la lunette, où on devrait voir la façade de la salle Wilfrid-Pelletier, une photo prise l’été au Fisheye de l’extérieur vers l’intérieur de la spirale de la lunette. Se reflète au premier plan la façade de la salle Wilfrid-Pelletier (masse sombre étendue sur le sol). À l’arrière plan, se voient l’esplanade de la Place des Arts et le Complexe Desjardins; le tout, à travers des nuages à l’avant et réfléchis de derrière. Nous voyons donc en même temps de l’intérieur et de l’extérieur une partie de la Place des Arts. Ne serait-ce pas ce que veut dire le titre même de l’œuvre de Bettinger : « faire voir de l’autre côté des choses »?
La troisième photo, qui complète ce montage, en est une de la façade de la salle Wilfrid-Pelletier prise au Fisheye. Au pied de la façade se trouvait une barricade colorée limitant l’accès à des travaux en cours de réalisation. À l’époque, cette barricade ajoutait un élément de couleur à ce chantier. Aujourd’hui, elle s’impose comme un masque couvrant la bouche et le nez de la création. Cette chrysalide n’est rien d’autre que cette inspiration créatrice, ce mouvement créateur qui nous élèvent, nous allègent, nous projettent et nous libèrent malgré le tourbillon ambiant qui pourrait nous entrainer dans ce gouffre. Nous avons assez d’énergie pour résister à cette force centripète qui pourrait nous avaler, nous broyer, nous réduire au silence, nous précipiter dans le néant.
Non!
Résistons! Agissons! Créons pour toutes celles et tous ceux qui agissent autrement que nous : d’abord et avant tout, toutes et tous, les employé-es en première ligne des hôpitaux, des résidences pour personnes âgées; les caissières et les caissiers des marchés d’alimentation, ces personnes qui assurent notre santé, notre survie. Ces sont les premières que nous devons, voulons saluer, féliciter pour leur courage, leur détermination à surmonter les dangers auxquels elles s’exposent, la peur qui en résulte. Ce sont ces personnes essentielles qui malgré des salaires de misère et des conditions de travail souvent périlleuses nous permettent, à nous, les autres de nous terrer dans nos tanières, de nous confiner et de respecter la distanciation sociale. Rapprochons-nous d’elles en chantant, en criant à tue-tête notre admiration et notre gratitude.
FRF, le 16 avril 2020
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EXPOSÉE 11 juin - 2 août 2020
Lieu et cadre: Une exposition collective des membres de la galerie AXART de Drummondville.
Un photomontage intitulé Vive l'apesanteur malgré la pesanteur.
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