1ère mise à jour 2020-10-10 — Le Devoir, Jérôme Delgado
2è mise à jour 2021-06-19 — Le Devoir, Serge Joyal
3è mise à jour 2021-06-26 — Le Devoir, Patrick Moreau
Voir plus bas
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Les paroles s’envolent et les écrits restent, semble-t-il! Il y a des mots de Paul Chomedey de Maisonneuve qui restent gravés dans la mémoire de tout un peuple qui a étudié, avant les années 60, l’histoire du lieu qu’il occupe. Ces paroles se retrouvent en lettres capitales, gravées dans la pierre et rehaussées d’or sur le monument de la Place d’Armes de Montréal!
Il est de mon honneur d’accomplir ma mission tous les arbres de l’île de Montréal devraient-il se changer en autant d’Iroquois.
Paroles guerrières, racistes même, adressées à M. de Montmagny, premier gouverneur de la Nouvelle-France, et inscrites en toutes lettres sur une des faces du socle du monument aux fondateurs de Montréal (Jeanne Mance et Paul Chomedey), au-dessus de la plaque de bronze intitulée Exploit de la Place d’Armes qui sépare l’Iroquois et Jeanne Mance. Un emplacement lourd de sens.
Dans cette nouvelle version de Place de pierres et de pouvoirs, peuple de bronze, on voit apparaître la fontaine (hauteur 9 m) de la Place d’Armes, surmontée de la statue de Maisonneuve (hauteur 4 m), photographiée en plongée, qui étend son ombre sur quelques mètres, au pied du 500 Place d’Armes, et le socle du monument avec les figures de l’Iroquois (hauteur 1,4 m) et de Jeanne Mance (hauteur 1,4 m). Les cinq figures surmontant et entourant la fontaine se retrouvent à la file sur le parapet du 500 de la Place d’Armes comme dans la première version.
Cette photo-augmentée est un objet de réflexion sur les siècles déjà vécus en compagnie des peuples qui appartiennent depuis plus longtemps que d’autres à ce territoire et sur les images que l’on veut faire voir des liens partagés entre les différents groupes humains cohabitant.
Revoir ces images ce n’est pas trahir l’Histoire, bien au contraire. Ce serait plutôt reconnaître l’osmose réciproque qui s’est produite grâce à cette proximité et en renforcer le lien déjà existant à plusieurs niveaux. D’excellents exemples de cette osmose sont illustrés de manière très éloquente dans le documentaire L’Empreinte de 2015 avec Roy Dupuis, écrit et réalisé par CAROLE POLIQUIN et YVAN DUBUC que l'on peut visionner sur le site de l'ONF.
Ajuster l’Histoire, c’est rendre plus juste notre perception du passé pour mieux se projeter dans l’avenir.
FRF 12 juillet 2020
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Mises à jour
Complément d'information
Le 10 octobre 2020, dans le Devoir, Jérôme Delgado a publié un article intitulé Doit-on peindre et exposer la violence? Article qui pose des questions sur la censure et le déni de certains faits historiques. Il parle du cas de Philip Guston dont on a reporté des expositions à plus tard. Il cite le cas de l’œuvre de L.-P. Hébert et du Monument à Maisonneuve autour duquel j’ai fait deux montages : celui de cette page et l’autre.
J'ai aussi extrait un bas-relief de ce monument, L'Exploit de la Place d'Armes, pour le rapprocher du meurtre de George Floyd le 25 mai 2020.
J’extrais de l’article de Delgado dans le Devoir, le passage suivant qui cite la thèse de maitrise de l’historien de l’art David Gauthier.
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Barbare imaginaire
L’historien de l’art David Gauthier va plus loin : Louis-Philippe Hébert est raciste. Il ne peut l’excuser, même en le replaçant dans son époque — celle où les élites tendent à affirmer leur grandeur en opposant les racines européennes à la « barbarie » de l’Autre.
Dans son mémoire de maîtrise (2007), le chercheur étudie 25 sculptures d’Hébert dotées de figures autochtones, portant les stéréotypes du pagne et de la plume. « Pas une œuvre devant laquelle je ne me sens pas mal à l’aise. Ce sont de belles sculptures, mais le discours adjacent est moralisateur, raciste », résume-t-il.
Le cas du « pionnier de la sculpture commémorative en bronze au Québec » pose un problème de taille : bon nombre de ses œuvres se trouvent dans l’espace public. Monument à Maisonneuve (1893), installée à la place d’Armes, dans le Vieux-Montréal, en est un exemple type. Hébert y a modifié le programme originel. Plutôt que de montrer le personnage autochtone comme un allié de Maisonneuve, il l’a placé en ennemi.
« L’Autochtone est associé à la barbarie. Il est mis en opposition à Charles Le Moyne, un traducteur, militaire, seigneur, représenté ici en agriculteur, en vision de la civilisation. »
Faut-il détruire ce monument comme celui de John A. Macdonald, tombé sous la grogne populaire ? David Gauthier propose une solution pour atténuer le discours : retirer le mot « iroquois ». « Même si sa forme ne change pas, le personnage devient celui qui aide Maisonneuve à se défendre. L’œuvre serait plus respectueuse. »
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Doit-on peindre et exposer la violence? Jérôme Delgado, in Le Devoir, 10 octobre 2020.
Voici la référence à l’article complet
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Déboulonner les monuments de Maisonneuve et de Dollard? Voilà le titre d'un article signé Serge Joyal dans le Devoir du samedi 19 juin 2021

Voici un extrait :
"Deux des bas-reliefs du piédestal du monument à Maisonneuve sont d’une violence inouïe : Maisonneuve tire à bout portant sous le menton d’un chef iroquois (30 mars 1644) ; dans l’autre, Dollard se débat alors qu’un de ses compagnons va trancher la tête d’un Iroquois qu’il étrangle de son autre main (mai 1660). Puis, tout autour, Lambert Closse et Charles Le Moyne font le guet, mousquet et faucille à la main, prêts à affronter l’Iroquois, qui se tient tapi, tomahawk à la main."
Je me permets d'illustrer les  propos de M. Joyal en ajoutant une photo des deux bas-reliefs cités dans son article.
Exploit de la Place d'Armes
Exploit de la Place d'Armes
Mort héroïque de Dollard au Long Sault
Mort héroïque de Dollard au Long Sault
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Patrick Moreau publie dans le Devoir du 26 juin 2021 un texte intitulé Les statues, le passé et nous, qui apporte un autre éclairage sur les relations Autochtones/Européens en Amérique.
Voici un extrait: " Selon les conceptions de ces années-là, les Iroquois (ennemis de la Nouvelle-
France) — et non pas les Autochtones en général, qui apparaissent figurés de façon bien différente
sur des tableaux ou gravures de la même époque — sont représentés comme des guerriers
sauvages, sanguinaires, barbares, qui méritent d’être tués. Cela fait partie du mythe
historiographique qui s’est construit dans le courant des derniers siècles, mythe qui n’était pas
entièrement faux, puisqu’effectivement la confédération des Cinq-Nations a bien failli menacer
jusqu’à l’existence de Ville-Marie, voire celle de la colonie tout entière.
Les Iroquois qui apparaissent sur ces monuments n’y figurent donc pas en tant qu’occupants
préalables du territoire qu’il s’agit de vaincre pour s’emparer de leurs terres, mais en tant qu’ennemis
repoussés par des défenseurs héroïques de Montréal et de la Nouvelle-France lors d’épisodes
guerriers. On rappellera d’ailleurs que, lors de ces guerres qui les opposent à la Confédération
iroquoise, les Français ont pour alliés d’autres Amérindiens (Hurons et Algonquins notamment) qui
défendent eux aussi leurs territoires contre l’expansionnisme de leurs voisins iroquois".

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